Louise Gaillard, née Joly, a vu le jour le 3 mars 1886 à Douai dans le Nord. De santé fragile, elle est élevée chez une tante vivant à la campagne, à Haumont. À 15 ans, elle réussit le concours d’entrée à l’École normale de Douai où elle étudie pendant trois ans avant d’être nommée institutrice à Jeumont. Elle intégre ensuite l’École normale de Nancy pour y préparer le concours d’entrée à l’École supérieure de Lettres de Fontenay-aux-Roses, dont elle sortira seconde. Elle est ensuite nommée professeure à l’École normale d’Évreux et épouse en 1912 Antoine Gaillard, futur professeur agrégé d’anglais. En 1913, elle est mutée à l’École normale d’Épinal, comme professeure dans un premier temps puis directrice en 1920. C’est dans cette ville qu’elle donne naissance à ses deux garçons, Jacques en 1919 et Jean-Alfred en 1922.
En 1931, toute la famille s’installe en Touraine. Antoine Gaillard intègre le lycée Descartes et Louise la direction de l’École normale de filles de Tours sur le coteau de la Loire. Elle milite auprès de sa hiérarchie et de ses étudiantes pour « la méthode active d’apprentissage » qui doit tenir compte des goûts et des aptitudes des élèves. La guerre éclate en 1939 et un an plus tard, les lois promulguées sous Vichy obligent Louise Gaillard à quitter la fonction publique où les femmes mariées ne sont plus admises (elle y sera réintégrée à sa demande en 1945 en tant qu’inspectrice primaire et ce, jusqu’à sa retraite en 1947).
C’est en 1941 que la famille s'installe dans une propriété à Saint-Cyr-sur-Loire, rue des Amandiers, aujourd’hui disparue, mais qui constituera « un havre de paix durant cette période difficile ». En 1944, elle est inscrite par le Préfet Vivier - son inspecteur d’académie avant la guerre - comme dernier nom (et seule femme) sur la liste du nouveau conseil municipal de Saint-Cyr-sur-Loire. Elle participe à trois commissions essentielles en cette fin de guerre : le ravitaillement, l’assistance aux réfugiés et les écoles. Elle rétablit le gaz, fait distribuer du charbon, des pommes de terre et de la viande. Elle reloge les Saint-Cyriens dont les maisons ont été démolies dans les bombardements de juin et juillet 1944 dans des baraquements de la Cité Louis Blot. Avec le curé Noël Barbier, elle restaure l’église durement touchée : une grande partie de la toiture, le clocher, les vitraux et l’orgue.
En 1945, elle est élue à l’unanimité des vingt conseillers municipaux élus. Elle sont deux femmes maires dans le département d’Indre-et-Loire en 1945 et moins d'une vingtaine sur le territoire national. Elle étoffe le personnel municipal, installe une bibliothèque à la mairie, continue de suivre les travaux de reconstruction et fait annuler les restrictions imposées par la restauration de la carte de pain en envoyant au Général de Gaulle un télégramme expliquant l'incompréhension de la population tourangelle. Elle refuse l’augmentation prévue par la loi pour les indemnités de maire et d’adjoints des communes sinistrées estimant que cet argent serait bien plus utile ailleurs pour la population. Enfin, elle mène un véritable combat pour la construction d’une passerelle provisoire à l’emplacement du pont Napoléon permettant aux maraichers, travailleurs et ménagères de rejoindre la place des Halles et le centre de Tours sans trop de fatigue ni perte de temps.
Réélue en 1947, elle prend un grand plaisir à organiser les 25 ans de la mort d’Anatole France. Petit à petit, Saint-Cyr-sur-Loire sort des traces des bombardements de 1944 et malgré l'épisode très volent de grêle en 1950, Louise Gaillard peut envisager pour sa ville de grandes réalisations telles que l’implantation d’un nouveau groupe scolaire moderne dénommé Roland Engerand-Jacques-Marié Rougé-Charles Perrault, l’aménagement d’un stade en centre-ville (le Stade Jaunay aujourd’hui disparu, situé à l‘emplacement du cœur de ville 1) et la construction des HLM Mailloux. Toutes ces réalisations voient le jour bien après la fin de son dernier mandat.
Elle ne se représente pas aux élections de 1953 en raison de projets de voyage avec son mari. Lors de l’installation du nouveau conseil municipal, Monsieur Roy, doyen des conseillers, remercie chaleureusement dans son discours Madame Gaillard pour ses années d’investissement à la tête du conseil municipal de Saint-Cyr-sur-Loire et auprès de la population.
Antoine Gaillard décède en 1954 sans que le couple n’ait concrétisé son envie de voyager. Louise Gaillard vend alors la maison devenue trop grande pour elle et part vivre un temps quai Paul Bert, puis partira s’installer auprès de son fils ainé à Évreux, où elle a déjà vécu. Elle y décède le 14 avril 1974.
Texte écrit en collaboration avec l’association Saint-Cyr Hommes et Patrimoine